mardi 30 mai 2017

Terrain des Muchaux à Lambersart, un exemple concernant le maintien des terres agricoles et des espaces naturels


On a pu lire, ici ou là, que ceux qui s’opposent à la création d’un 7ème quartier à Lambersart sont des irresponsables. Outre le fait que le débat démocratique ne sort pas grandi de ce genre d’appréciation, il est intéressant de questionner en quoi les opposants à ce projet seraient des irresponsables.
 
Les arguments justifiant le projet sont ceux-ci : la ville de Lambersart a une population vieillissante. Les grandes maisons du centre-ville sont occupées par des personnes âgées. Le renouvellement ne se faisant pas, construire un 7ème quartier permettrait :
 
-          de répondre aux besoins en hausse de logements, de contrer la hausse d’impôts consécutive à  une baisse et à un vieillissement de la population lambersartoise,
 
-          de répondre à la demande de création de logements sociaux, en y en construisant 30% (au lieu des 25%), pour compenser une partie des manques du reste de la ville (17,5% actuellement au lieu de 25% en 2015, en 2016 - la ville a payé une amende de pénalité comme certaines autres villes de notre circonscription),


 
Les arguments contre ce projet interrogent :
 
-          le maintien de terres agricoles autour des villes à l’heure où la lutte contre le réchauffement climatique nous impose le retour vers des circuits courts. Ces interrogations sont accompagnées de propositions visant à la création de cultures allant vers le biologique, offrant des débouchés aux agriculteurs dans les cantines de la ville, par exemple.

-          la capacité des infrastructures routières, cette zone étant séparée de la ville par la rocade Nord-Ouest, les entrées et sorties du quartier débouchant sur Saint-André dont le trafic est déjà saturé aux heures de pointes. Le projet étant dépourvu d’écoles maternelle et primaire, les familles devront se déplacer chaque jour vers ou depuis les écoles d’un autre quartier lambersartois, en fonction des capacités d’accueil de celles-ci, en passant par une autre ville.

-          Le manque d’équipements collectifs qui obligeront à autant de déplacement.

-          La présence d’une zone humide, des inondations possibles et la préservation d’un écosystème local (tritons alpestres et chouettes effraies)

-          La suppression d’une zone de promenade et de rencontres, dernier poumon vert de la ville

-          ou encore la méthode d’achat des terres agricoles.

Dans le nouveau projet rendu public en février 2017, le terrain de golf porté par le promoteur immobilier a disparu au profit de la création d’une zone d’agriculture urbaine et de permaculture, répondant ainsi aux critiques émises par les habitants lors de l’enquête d’utilité publique, autour de laquelle se disposeraient les 410 logements, le béguinage et la résidence services pour séniors. La zone économique de 5 hectares est maintenue : artisanat local et commerces de proximité autour des produits du terroir. Il y est affirmé qu’ainsi la ville préservera son héritage de ville verte au cadre de vie agréable.

On peut déjà noter les nouvelles interrogations :

-          l’agriculture urbaine ne reposerait que sur 5,5 hectares sur les 35 du projet (soit 16%) et 35% des espaces verts. Où est le maintien des terres agricoles ?

-          les questions autour des équipement et de la capacité des infrastructures routières restent entières. Comment y répondra-t-on ?

-          la rocade Nord-Ouest (route 2 fois deux voies) constitue une limite à l’urbanisation au-delà de la couronne nord de la Mel, selon le rapport de la commission d’enquête du SCOT remis le 20 décembre 2016. Le site des Muchaux devrait donc être reclassée zone agricole et naturelle. Pourquoi ne l’est-il pas ?

-          la mise en place de ce projet diminuera la densité urbaine de Lambersart (22 logements à l’hectare) avec pour conséquence une desserte en transports collectifs amoindrie.

On peut lire sur un document émanant du Collectif des Muchaux que ce projet représente : « 16% de l’extension urbaine mais seulement 3% des logements pour les 20 ans à venir sur la couronne Nord. Il favorise donc l’étalement urbain et s’oppose donc aux politiques engagées en termes d’urbanisme à la MEL ».

Il y est indiqué l’instauration d’hémicycles verts autour de la Mel au sens du SCOT. Or les Muchaux devraient en faire partie. Reproduction de documents à l’appui, ce collectif prouve que cette zone bien précise a été discrètement effacée des cartes préparatoires au vote des élus entre celle de janvier 2016 et celle de février 2017 ! Comment cela peut-il s’expliquer ?

Par ailleurs, la sortie via Verlinghem et Lambersart pour rejoindre les autres accès à la rocade Nord-Ouest n’est toujours pas envisagée. En écartant cette solution le couple Maire de Lambersart/Maire de Verlinghem, aujourd’hui suppléant et candidat aux législatives, reconnaissent implicitement que ce projet est source de nuisance. Mais est-ce une raison pour s’en débarrasser chez le voisin andrésien ?

Nous ne pouvons que nous interroger sur ce projet. Il favorise l’étalement urbain, essaye de s’ériger en exception aux préceptes du SCOT, favorise les déplacements automobiles individuelles, va à l’encontre des recommandations du Grenelle de l’environnement et ne répond en aucun cas à l’intérêt général.

Nous sommes pour le maintien des zones agricoles et pour une ceinture maraichère autour des métropoles. Surtout si elle est en relation avec les projets de la ville (restauration scolaire, par exemple). Nous sommes pour le respect du taux de logements sociaux à destination de tous mais nous sommes contre l’étalement urbain. Ces orientations-ci ne sont pas irresponsables. Il s’agit de se placer du point de vue des impératifs écologiques et de lutte contre les gaz à effets de serre qui s’imposent à nous. On voit ici l’importance d’envoyer à l’assemblée nationale des élus qui défendent l’intérêt général, que ce soit celui d’aujourd’hui ou celui de demain. Voir plus loin, c’est également regarder ce qui est possible de faire aujourd’hui pour répondre aux problématiques que nous rencontrons déjà aujourd’hui et que nos enfants rencontreront décuplées demain.

Est-ce que la création de ce quartier permettrait de rajeunir la population lambersartoise ? Peut-être. Mais d’un autre côté, il est des quartiers comme des élus, au bout d’un certain temps, le renouvellement se fait automatiquement. Par exemple le quartier du Canon d’Or de Lambersart était un quartier vieillissant. Il est aujourd’hui en phase de renouvellement de ses habitants et ses équipements collectifs restent ainsi toujours aussi pertinents.

Est-ce que cela répond à la demande de logements sociaux ? La différence de 5% par rapport au taux de 25% imposés représente tout au plus 20 logements. La différence avec le taux du reste de la ville est de 12,5%, soit une cinquantaine de logements concentrés dans un même quartier, sans équipement. Si l’objectif est de réellement répondre à cet impératif pourquoi l’envisager au-delà de la rocade Nord-Ouest ? 25% représentent 317 logements, selon la Mairie de Lambersart 283 seraient en cours de réalisation, soit un manque d’une trentaine de logements sociaux. Il est possible d’envisager autrement la solution à ce problème tout en travaillant la question de la mixité sociale dont nous avons tant besoin et en optimisant les équipements collectifs déjà existants.

Vraiment, est-il vraiment utile de se lancer dans un tel projet ? Pour notre part, nous pensons que c’est possible d’y renoncer et nous ne nous considérons pas pour autant comme des « irresponsables ».

Pierre-Yves Pira et Patrice Cappelle

Ps : Scot – Schéma de cohérence territoriale


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