On
a pu lire, ici ou là, que ceux qui s’opposent à la création d’un
7ème quartier à Lambersart sont des irresponsables. Outre le
fait que le débat démocratique ne sort pas grandi de ce genre
d’appréciation, il est intéressant de questionner en quoi les
opposants à ce projet seraient des irresponsables.
Les
arguments justifiant le projet sont ceux-ci : la ville de
Lambersart a une population vieillissante. Les grandes maisons du
centre-ville sont occupées par des personnes âgées. Le
renouvellement ne se faisant pas, construire un 7ème quartier
permettrait :
- de
répondre aux besoins en hausse de logements, de contrer la hausse
d’impôts consécutive à une baisse et à un
vieillissement de la population lambersartoise,
- de
répondre à la demande de création de logements sociaux, en y en
construisant 30% (au lieu des 25%), pour compenser une partie des
manques du reste de la ville (17,5% actuellement au lieu de 25% en
2015, en 2016 - la ville a payé une amende de pénalité comme
certaines autres villes de notre circonscription),
- le
maintien de terres agricoles autour des villes à l’heure où la
lutte contre le réchauffement climatique nous impose le retour vers
des circuits courts. Ces interrogations sont accompagnées de
propositions visant à la création de cultures allant vers le
biologique, offrant des débouchés aux agriculteurs dans les
cantines de la ville, par exemple.
- la
capacité des infrastructures routières, cette zone étant séparée
de la ville par la rocade Nord-Ouest, les entrées et sorties du
quartier débouchant sur Saint-André dont le trafic est déjà
saturé aux heures de pointes. Le projet étant dépourvu d’écoles
maternelle et primaire, les familles devront se déplacer chaque jour
vers ou depuis les écoles d’un autre quartier lambersartois, en
fonction des capacités d’accueil de celles-ci, en passant par une
autre ville.
- Le
manque d’équipements collectifs qui obligeront à autant de
déplacement.
- La
présence d’une zone humide, des inondations possibles et la
préservation d’un écosystème local (tritons alpestres et
chouettes effraies)
- La
suppression d’une zone de promenade et de rencontres, dernier
poumon vert de la ville
- ou
encore la méthode d’achat des terres agricoles.
Dans
le nouveau projet rendu public en février 2017, le terrain de golf
porté par le promoteur immobilier a disparu au profit de la création
d’une zone d’agriculture urbaine et de permaculture, répondant
ainsi aux critiques émises par les habitants lors de l’enquête
d’utilité publique, autour de laquelle se disposeraient les 410
logements, le béguinage et la résidence services pour séniors. La
zone économique de 5 hectares est maintenue : artisanat local
et commerces de proximité autour des produits du terroir. Il y est
affirmé qu’ainsi la ville préservera son héritage de ville verte
au cadre de vie agréable.
On
peut déjà noter les nouvelles interrogations :
- l’agriculture
urbaine ne reposerait que sur 5,5 hectares sur les 35 du projet (soit
16%) et 35% des espaces verts. Où est le maintien des terres
agricoles ?
- les
questions autour des équipement et de la capacité des
infrastructures routières restent entières. Comment y
répondra-t-on ?
- la
rocade Nord-Ouest (route 2 fois deux voies) constitue une limite à
l’urbanisation au-delà de la couronne nord de la Mel, selon le
rapport de la commission d’enquête du SCOT remis le 20 décembre
2016. Le site des Muchaux devrait donc être reclassée zone agricole
et naturelle. Pourquoi ne l’est-il pas ?
- la
mise en place de ce projet diminuera la densité urbaine de
Lambersart (22 logements à l’hectare) avec pour conséquence une
desserte en transports collectifs amoindrie.
On
peut lire sur un document émanant du Collectif des Muchaux que ce
projet représente : « 16% de l’extension urbaine mais
seulement 3% des logements pour les 20 ans à venir sur la couronne
Nord. Il favorise donc l’étalement urbain et s’oppose donc aux
politiques engagées en termes d’urbanisme à la MEL ».
Il
y est indiqué l’instauration d’hémicycles verts autour de la
Mel au sens du SCOT. Or les Muchaux devraient en faire partie.
Reproduction de documents à l’appui, ce collectif prouve que cette
zone bien précise a été discrètement effacée des cartes
préparatoires au vote des élus entre celle de janvier 2016 et celle
de février 2017 ! Comment cela peut-il s’expliquer ?
Par
ailleurs, la sortie via Verlinghem et Lambersart pour rejoindre les
autres accès à la rocade Nord-Ouest n’est toujours pas envisagée.
En écartant cette solution le couple Maire de Lambersart/Maire de
Verlinghem, aujourd’hui suppléant et candidat aux législatives,
reconnaissent implicitement que ce projet est source de nuisance.
Mais est-ce une raison pour s’en débarrasser chez le
voisin andrésien ?
Nous
ne pouvons que nous interroger sur ce projet. Il favorise l’étalement
urbain, essaye de s’ériger en exception aux préceptes du SCOT,
favorise les déplacements automobiles individuelles, va à
l’encontre des recommandations du Grenelle de l’environnement et
ne répond en aucun cas à l’intérêt général.
Nous
sommes pour le maintien des zones agricoles et pour une ceinture
maraichère autour des métropoles. Surtout si elle est en relation
avec les projets de la ville (restauration scolaire, par exemple).
Nous sommes pour le respect du taux de logements sociaux à
destination de tous mais nous sommes contre l’étalement urbain.
Ces orientations-ci ne sont pas irresponsables. Il s’agit de se
placer du point de vue des impératifs écologiques et de lutte
contre les gaz à effets de serre qui s’imposent à nous. On voit
ici l’importance d’envoyer à l’assemblée nationale des élus
qui défendent l’intérêt général, que ce soit celui
d’aujourd’hui ou celui de demain. Voir plus loin, c’est
également regarder ce qui est possible de faire aujourd’hui pour
répondre aux problématiques que nous rencontrons déjà aujourd’hui
et que nos enfants rencontreront décuplées demain.
Est-ce
que la création de ce quartier permettrait de rajeunir la population
lambersartoise ? Peut-être. Mais d’un autre côté, il est
des quartiers comme des élus, au bout d’un certain temps, le
renouvellement se fait automatiquement. Par exemple le quartier du
Canon d’Or de Lambersart était un quartier vieillissant. Il est
aujourd’hui en phase de renouvellement de ses habitants et ses
équipements collectifs restent ainsi toujours aussi pertinents.
Est-ce
que cela répond à la demande de logements sociaux ? La
différence de 5% par rapport au taux de 25% imposés représente
tout au plus 20 logements. La différence avec le taux du reste de la
ville est de 12,5%, soit une cinquantaine de logements concentrés
dans un même quartier, sans équipement. Si l’objectif est de
réellement répondre à cet impératif pourquoi l’envisager
au-delà de la rocade Nord-Ouest ? 25% représentent 317
logements, selon la Mairie de Lambersart 283 seraient en cours de
réalisation, soit un manque d’une trentaine de logements sociaux.
Il est possible d’envisager autrement la solution à ce problème
tout en travaillant la question de la mixité sociale dont nous avons
tant besoin et en optimisant les équipements collectifs déjà
existants.
Vraiment,
est-il vraiment utile de se lancer dans un tel projet ? Pour
notre part, nous pensons que c’est possible d’y renoncer et nous
ne nous considérons pas pour autant comme des « irresponsables ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire